Le projet

Plusieurs chroniqueurs du XIe siècle parmi lesquels Guillaume de Poitiers, le moine Guillaume de Jumièges ou encore Guy d’Amiens, chapelain de la reine Mathilde, donnent une idée assez précise de la façon dont les événements se sont déroulés. Dans un Moyen-Âge très croyant, le vainqueur de la bataille d’Hastings a été désigné par Dieu. La Chronique anglo-saxonne, compilation de plusieurs chroniques rédigées dans les abbayes anglaises, adopte ce même point de vue expliquant la défaite par une punition divine. D’autres sources apportent des informations plus précises sur le navire. La plus connue est la Tapisserie de Bayeux, réalisée avant 1070, qui raconte toute l’épopée de la conquête de l’Angleterre à travers 58 scènes brodées sur une toile de lin. La tapisserie est aussi la seule représentation visuelle de la Mora.
Le navire ducal apparaît sur la scène 38 et se reconnaît à ses dimensions plus imposantes, à sa figure de poupe en forme de personnage tendant le bras vers l’Angleterre et à son fanal béni par le pape. Quant au nom, la Mora, il apparaît dans un document unique conservé à Oxford, « La liste des navires ». Cet inventaire quasi complet des bateaux engagés dans l’épopée apporte des éléments concordants notamment sur la figure de proue de la Mora – contrairement à la Tapisserie de Bayeux, « La liste des navires » présente en effet le personnage à la proue. Enfin, les connaissances empiriques du musée de Roskilde, au Danemark, où ont été mises au jour et étudiées plusieurs épaves du XIe, sont également fondamentales.